- Accueil
- Historique
Historique
Sebah § Joaillier / Studio Photographique
On tient Nicéphore Niepce (1765-1833) pour l’inventeur de la photographie. Ce dernier obtient effectivement en 1827 la première image, après huit heures d’exposition au soleil. Un matin d’automne, en ouvrant les pages du Takvim-i Vekayi – journal publié à Istanbul en turc, arabe, français, grec et arménien, les Ottomans entendirent parler d’une étrange invention ce 28 octobre 1839 : un homme a inventé un art particulier qui crée un curieux effet de miroir. Ce Français plein de talent, du nom de Daguerre, a capturé l’image d’objets réfléchis dans la lumière du soleil à l’aide de divers procédés artistiques et scientifiques. Cette merveille est le fruit d’une vingtaine d’années de recherches. L’invention a eu un grand succès et a suscité une admiration universelle.
Quelques années plus tard, un autre journal, Ceride-i Havadis, décrivait à son tour cette étrange invention le 15 août 1841. Pascal Sebah, né en 1823, marque la production photographique ottomane de la deuxième moitié du xix e siècle. D'origine catholique syrienne et arménienne, en 1857 Pascal Sebah et son frère Cosmi ouvre un studio de photographie sous le nom d’El Chark Société Photographique dans un bâtiment situé au n° 10 de la rue Tom Tom, qui abrite également les bureaux de poste autrichien et français.
En 1859, Sebah se voit décerner une médaille de la Société française de photographie à Paris pour l’ensemble de son travail. En 1860, Il déménage au no 439 de la Grand ‘Rue de Péra, "Salons et Ateliers au Premier Etage" à côté de l’ambassade de Russie, et confie la gestion du studio à un Français du nom de Antoine Laroche. Celui-ci travaillera avec Sebah à Istanbul jusqu’à la fin de 1873.
En 1863, la première exposition nationale de l’Empire ottoman (Sergi-i Umumî-i Osmanî) ouvre ses portes à Sultanahmet, sur la place de l’hippodrome (Atmeydanı). La section artistique de l’exposition présente deux panoramas d’Istanbul réalisés par Sebah et composés chacun de dix photographies. En 1867, un autre prix lui est remis à l’exposition de Paris.
En 1873 le studio travaille pour Osman HAMDY BEY (1842-1910), artiste peintre, directeur du Musée de Constantinople à partir de 1881, qui lui demande des vues de Constantinople et des portraits. Il est aussi à l’origine d’une commande sur les costumes qui donnera lieu à un magnifique album de phototypies : Les costumes populaires de la Turquie, ouvrage publié sous le patronage de la Commission impériale ottomane pour l’Exposition universelle de Vienne, 1873.
En 1873, La renommée de Pascal Sebah commence à dépasser les limites du territoire ottoman rêvant de créer un studio en dehors de Constantinople, il ouvre une succursale au Caire. Il réalise alors de nombreuses images de paysages, de rues, de places de marché et de bâtiments à Alexandrie, au Caire et dans le désert de Nubie.
En 1876 Sebah participe à des expositions internationales en présentant des images d’Istanbul et du Caire. Ayant envoyé plusieurs photographies à Philadelphie en 1876, il est récompensé par une médaille en 1877. Dans une exposition à Paris en 1878, il remporte une médaille d’argent pour ses photographies égyptiennes.
En ce 28 aout 1879, Pascal Sebah est le témoin au mariage de Polycarpe Joaillier. Celui-ci avait fait son apprentissage dans l’atelier de Pascal Sebah, un grand nom de la photographie ottomane au XIXe siècle.
En 1883 à l’apogée de son succès, Pascal Sebah s’épuise à devoir gérer son studio principal à Istanbul, poursuivre son travail photographique dans celui du Caire et essayer de répondre à toutes les demandes, ce qui l’oblige à faire souvent la navette entre les deux villes. Agé de 60 ans, il est paralysé à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Ne pouvant plus travailler et ses enfants étant trop jeunes, c’est son frère Cosmi, également photographe – il avait installé un studio en 1880, au no 346 de la Grand’Rue de Péra, où il travaille jusqu’en 1883, qui reprend le studio de Pascal pour assurer la subsistance de sa famille. Le 25 juin 1886, Pascal Sebah meurt après être resté alité durant trois ans.
En 1885 Cosmi Sebah assure l’intérim en poursuivant la tradition familiale, les véritables héritiers du studio sont les très jeunes enfants de Pascal. En 1888, Joannes (Jean) Sebah (1872-1947), avec l’aide de son oncle Cosmi, entre en partenariat avec le photographe Polycarpe Joaillier (1848-1904).
Petite aparté sur le nom de famille, il faut savoir que jusqu'au 11e siècle, les personnes ne portaient qu'un nom de baptême. Au 12e siècle, l'explosion démographique oblige les populations à donner des surnoms aux individus afin d'éviter les confusions. C’est peut être à cette époque que notre nom de famille Joaillier à été pris grâce au métier de la Joaillerie.
Le partenariat Sebah & Joaillier, pionnier du domaine de la photographie et de l'orientalisme dans l’Empire Ottoman, débuta.
Le studio Sebah n'était plus ce qu'il avait été du temps de Pascal Sebah en raison de sa maladie, Polycarpe joaillier étant un bâtant s'est beaucoup dépensé, a travaillé avec acharnement, et c'est grâce à son travail que le studio Sebah § Joaillier a été à l'époque un des studios les plus connus de Constantinople.
Polycarpe Joaillier était aussi un voyageur passionné. Il a sillonné le Moyen-Orient, rapportant bien des clichés.
Plus tard, le sultan Abdul HAMID II, soucieux de montrer la modernisation de son pays, commande des clichés au studio Sebah § Joaillier, portant particulièrement sur les écoles et l’éducation en Turquie, pour un ensemble de 51 albums envoyés à l’exposition universelle de Chicago en 1893. Le studio est photographe officiel du sultan.
En 1889, l’empereur allemand Guillaume II visite Istanbul en compagnie de sa femme, la reine Augusta Victoria. C’est Polycarpe Joaillier lui-même qui fit les prises de vue de cette visite. Et Guillaume II le nomma, en guise de remerciement, Photographe attaché à la Cour Impériale de Prusse. Il avait le droit d'imprimer sur ses photos les armes impériales de Prusse. ». Ce titre que Pascal SEBAH n’avait pu obtenir de son vivant devient le nouveau symbole du studio SEBAH & JOAILLIER que lui-même avait créé.
Peut être est ce en guise de consolation que Sebah § Joaillier devenus «Photographe de la Cour Royal de Prusse» la même année se virent confier la tache de photographier les collections du Musée de Constantinople et nommé «Photographes des Musées Impériaux Ottomans»
Un tampon «MUSEE IMPERAIL OTTOMAN » porté au dos de la plupart des épreuves Sebah et Joaillier, confirme en tout cas le caractère officiel de leurs campagnes photographiques au musée.
En 1893 deux albums photos de SEBAH & JOAILLIER ont été présentés au British Muséum et déposés plus tard à la British Library (présents maintenant à la Bibliothèque du Congrès) ont été acceptés en 1893 par le président américain Grover Cleveland.
En 1899, pour payer leurs dettes, les frères ABDULLAH vendent pour 1 200 lires ottomanes leur studio, avec tout son équipement, à leur plus grand concurrent SEBAH & JOAILLIER. Au dos de leurs cartes de visite, SEBAH & JOAILLIER ajoutent désormais la mention : « successeurs d’ABDULLAH Frères ».
Depuis sa fondation par Pascal Sebah, le studio exprima un point de vue européen, qui accentuait la dichotomie entre l'Orient et l'Occident, il développa néanmoins sa propre stratégie de représentation, qui combinait une approche traditionnelle de la société ottomane locale avec des signes visuels du changement social et économique qui était en trait de se réaliser dans le pays. Ses clichés montrant des Ottomans dans des espaces publics, qui sont supposés devant la caméra, sont des révélateurs du progrès réalisé dans le domaine de la représentation photographique des populations locales. En effet, à l'opposé des studios commerciaux tenus par des étrangers comme celui de Félix Bonfils, qui mettait en scène des Orientaux en train d'exécuter un travail, l'atelier de Sebah les pose naturellement devant l'objectif.
Outre la production des clichés touristiques, l'atelier se spécialisait dans la prise des portraits de la haute société constantinopolitaine et des étrangers parmi les créateurs des images moins traditionnelles comme celle de Madame G. A., bal costumé donné à l'Ambassade d'Angleterre à Constantinople parue dans la revue Les Modes. Par ailleurs, l'atelier participe à la propagande visuelle de l'Empire ottoman, réalisant des clichés focalisés sur la modernisation de l'Empire ottoman comme la série photographique des élèves des écoles comprises dans les Albums d'Abdül-Hamid II.
Le départ de Polycarpe Joaillier pour la France en 1900 laisse son fils Gustave Joaillier assurer avec Jean P. Sebah la direction de l'atelier jusqu'au départ de celui-ci pour la France en 1904 semble néanmoins signaler le début d’une production plus modeste. Dans les années qui suivent, Jean P. Sebah s'associe avec les photographes locaux Agop Iskender et Leo Perpignani.
Les trois hommes travailleront ensemble jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale les sépare. L'Empire ottoman est allié à l’Allemagne et entrera en guerre en octobre 1914.. Or, aux yeux des autorités turques, les Joailliers sont français alors que pour la France, ils sont Ottomans. Face à ce dilemme, Edmond, Gustave et Henri Joaillier choisissent la France. Ils quittent Constantinople et embarquent pour Marseille.
Polycarpe Charles Joaillier (1848-1904) Pascal Sebah (1823-1886)
Le 30 septembre 1914, les trois frères signent un engagement volontaire pour la durée de la guerre au titre de la Légion étrangère. Gustave, blessé le 30 septembre 1914, est réformé un mois plus tard pour maladie contractée à la guerre. Edmond en mai 1915 est affecté au corps expéditionnaire d’Orient en tant qu’interprète. Blessé au coude (section du nerf cubital droit) il est réformé le 28 juillet 1916 et est décorer de la Croix de Guerre. Henri a été reconnu inapte à Marseille le même jour.
En 1904 : C’est tout naturellement dans le cimetière catholique du quartier de Feriköy à Istanbul, le plus vaste de la ville que Polycarpe Joaillier décédé à l’âge de 56 ans le 13 février 1904 à Constantinople à inhumé le 14 février 1904, après de longues années de labeur et de fatigues, toujours dévoué à sa famille inconsolable...
Le fonds Sebah & Joaillier fut repris par Agop Iskender après la mort de Jean Sebah, mais disparut après 1952. Il n’existe donc plus de clichés originaux de ce photographe, ni du fonds des frères Abdullah qui avait été repris par la firme.
En 1910 : association avec Hagop Iskender
En 1914 : départ de Gustave Joaillier
En 1934 : reprise du studio par Bedros Iskender, fils de Hagop. Le studio prend le nom de Studio Sabah (Sabah
signifie, en Turc, le matin)
En 1947 : mort de Jean Pascal Sebah
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Suite à la disparition de mon père, et en triant dans ses documents, ses photos, je découvrais un passeport de mon grand-père en parfait état et là, j’apprenais qu’il était naturaliser Français mais venant de Constantinople en Turquie. Je me décidais à commencer mes recherches au travers des documents mentionnées, en écrivant dans les mairies de Paris.
Afin de trouver l’exacte vérité, des démarches ont été entrepris auprès des Archives nationales de France pour demander tous les dossiers de naturalisations (papiers et microfilm) et nous avons appris que Edmond Alexandre Joaillier mon grande- père était venu en France avec ses deux frères, Henri Polycarpe Charles, et Gustave Antoine Etienne, sur Marseille puis à Paris dont ils ont créé un studio de Photographie rue de Maubeuge puis Boulevard Clichy sur Paris.
Après dépouillé tous ces documents nous pouvons avec certitude affirmé que la famille Joaillier a émigré de la France en Turquie après la Révolution, donc au 19ème siècle. Elle est bien française. Elle appartenait, en effet à l’une des plus anciennes familles protégées Françaises de Constantinople et donc ne possède pas la qualité de sujet Turque suite à une déclaration du Ministère des Affaires Etrangères de Turquie en date du 22 mars 1316 (1900). Elle bénéficie de permis de séjour. Elle est inscrite sur les registres du Consulat Général de France à Constantinople et bénéfice à ce titre de la protection française.
La protection Française « titre étant accordé par le gouvernement de la République Française » du temps de Polycarpe Joaillier. La famille Joaillier à des intérêts à Constantinople dont des immeubles. La famille Joaillier en raison de sa sujétion Française et de l’engagement volontaire de ses enfants considéré pendant la Guerre comme ennemi a été privé de la jouissance de ses biens.
Composé d’immeubles, de deux maisons avec jardin située Grande rue de Prinkipo N° 29 et 33 et l’autre rue Koumsal N° 16 ainsi que de deux terrains également aussi Grande rue de Prinkipo N° 27 et 28. Egalement acheter une maison rue Pancaldi N° 205 Quartier Pancaldi pour le prix de 40.000 piastres.
Après l’armistice une demande d’indemnité a été présentée mais ne peut plus avoir de suite, la simple privation de jouissance n’étant pas indemnisée par la Commission d’Evaluation des dommages subis en Turquie. Pendant la Grande guerre de 1914-1918 la famille Joaillier à été placée sous protection de l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique en qualité de sujet Français, ont bénéficié de passeport américain et on résidé en France jusqu’à l’armistice.
Après la guerre ils ont tous trois obtenu la naturalisation Française et se sont établi en France. Pour Gustave à Colombes (92) pour Edmond et Henri à Paris. Résident Français à Constantinople
Le 26 janvier 1923, Gustave Antoine Etienne Joaillier devient membre de la Société française de photographie (SFP). Il est alors photographe opérateur de « Vie à la Campagne », 51 rue de Clichy Paris (9e). Le 15 mai 1915 à Paris, il épouse sa compagne Zabel Isabelle LAZARIAN. Mariage dissous par Jugement de divorce rendu le 7 octobre 1922 par le Tribunal Consulaire de France à Constantinople et transcrit le 27 février 1924. Le 25 avril 1929 à Colombes, il épouse sa nouvelle compagne Clémence Marie JASSIGI. Le couple aura un enfant. Il est décédé le 13 aout 1941 à Paris (7e).
Le 28 janvier 1921, Edmond Alexandre Joaillier devient membre de la Société française de photographie (SFP). Il est alors photographe 28, rue de Maubeuge à Paris (9e). Le 29 juin 1922, il épouse sa compagne Gabrielle Rouvier. Sous le nom de Mme Joaillier Gaby, elle était entrée à la SFP en décembre 1921. Le couple aura deux enfants. Edmond Joaillier avec son épouse poursuivra sa carrière de photographe au 20, rue de Clichy (18e) où sa présence est attestée en 1930. Il est aussi photographe au Journal le Comoedia de Paris Il est décédé le 14 février 1939 à Champcueil (Essonne).
Henri Polycarpe Charles JOAILLIER Il fut employé de commerce puis comptable à la compagnie des messageries maritimes de Marseille. Le 17 octobre 1946 à Paris (15e) Il épouse sa compagne Léontine, Marie CORITON. Le couple n’a pas d’enfants. Il est décédé le 13 avril 1963 à Nice.